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Les embrasseurs d'arbres

by Gorgé - Meens

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1.
Ce que la grive musicienne marmonne dans l’ombre : « Sur quoi, eh mon trésor, la mort vibre chapeau jaune que la toute chatte jaillisse de gravagueule à moi l’œil ronbille : le mène-t-elle ce gala par le bout du nez louchant, torchon raidi la crème de celui qu’il ne vienne ? Elle s’ircule dans la clarté stupide, s’incarcère dans la hontoblique, injurions tant que le chandamour soit coché. À l’assaut assez maintenant tout tinte enroué vite Et hissé le mât — C’tait la nuide, ogrebaillante nuit — comm’ j’m’ lamente là ! que ne voit-on ! ça claque un peu ! La rosée pousse tombe la bique touche au jour Regarde ! cette vieille charogne se lèche elle-même. »
2.
Pour aujourd’hui et pour toujours Les arbres au crépuscule, plus de noirceur et d’épouvante que les fantômes d’ici peu. Les canards vont à l’étang dormir en râlant. Rien à espérer du coucher du soleil, absence. Rien à supposer, ce qui vient n’est jamais chemin. Les arbres font le jour, ils rayonnent, une jeune mais sobre ombre à leur pied creuse son trou, le couvert sarcle pour plus tard. Le jour disparaît dans la pousse qui frémit. Tu m’es toujours restée pourtant vieille nuit d’abat-jour nuit angoissante chère, debout dans la pénombre tranquille.
3.
Comme si jamais perdue la candeur : l’inclination de bruire sous le vent, nombreux mille murmurant enfin ! enfin ! enfin ! Et caressés par l’été les arbres sans force enfeuillés, renient le vert de l’an passé. Ces diableries terrestres cesseront-elles jamais ? Provoquée la répétition comme si jamais perdu ce qui chute. Vieux maux piétinés au sol broyés. L’arbre ne se soucie de ce qu’il remplace : il est une autre vie dure au froid, vert exclu, les restes en terre introuvable : les arbres sont-ils tricheurs ?
4.
Tranquille, laçant les patins dessous l’arbre, elle, et d’or la pluie même : une averse, singulière profusion d’eau déplacée comme ruisselante, coulée, dispersée, chutant et sombrant. Elle s’est vue gagner l’étang, a patiné. Sous les arbres, à leurs côtés, c’était à son plein la calme déploration — sans la pluie qui à fleurir mouillait le sol, saturé d’or au soleil.
5.
arbres rassemblés hauts arbres qui m’attendiez arbres ensanglantés mettez que je vous regarde vous ajoutez à la rumeur sans amandiers ni fleurs je vous entends le cou jusqu’à la garde coincé ah ce n’est ni le froid ni la douleur qui manquent ici vos troncs portent une marque blanche un jour ou l’autre vous devrez tomber douceur lente de vos chutes et vous faites la planche
6.
L’oreille sur les signaux lumineux le long de la piste s’attend au crescendo des sensations musicales, les duveteux chatons des saules exposent, mélodie jaune, leur farine tardive, cor des alpes au loin. La très rare fleur rose des mélèzes résonne comme cristal d’hiver, tintements fragiles. Je n’ai pas tenu sous la brise du soir pleine de l’odeur du foin, ça ne chante pas avec la voix profonde de contralte du fugace, ce qui éclos après mille morts devrait se plaindre auprès du monde, non ? Écoutons-nous la lumière ?
7.
« Non, je t’en prie, mère ! », chacune d’elle touchée, crie, « Non, je t’en prie ! Nôtre, ce corps que tu lacères, un arbre ! Adieu donc ! » — L’écorce vient avec ces derniers mots, d’où sourdent les larmes ; goutte à goutte au soleil durcit aux jeunes rameaux l’ambre, que le clair torrent recueille, qu’aux jeunes femmes latines il conduit, qui s’en parent. Ovide Métamorphoses, II, 362-366. Mes racines je les ai au cœur retordu de la terre et pousse d’abondance la perte, j’avale et ce noir profond et mon mort ensemble, nuit de prière. Une couronne nous abrite de la lumière, y scintillent toutes mes larmes.

about

Enregistré à Paris en 2011
avec Francis Gorgé (all instruments) et Dominique Meens (voix)

credits

released March 22, 2021

Textes : Anneke Brassinga
Traduction : Dominique Meens
Musique : Francis Gorgé

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about

Francis Gorgé Paris, France

Fondateur avec Bernard Vitet et Jean Jacques Birgé en 1976 d’Un Drame Musical Instantané, qu’il quitte en 1992.
Il poursuit ses activités musicales, composition et guitare, avec en autres, les clowns Macloma, Pierre Debauche, le Celestrial Communication Orchestra, la chanteuse Colette Magny, les chorégraphes Mark Tompkins et Karine Saporta, Jacques Demarcq, Dominique Meens et Jan Eerala.
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